16

Les fous rires leur passaient lorsqu’ils se croisaient, vêtus de méchantes soutanes, en l’hôtel particulier de la rue du Bout du Monde.

Seul monsieur de Bois-Brûlé, modèle absolument unique de Jésuite africain soi-disant hongrois, parvenait à faire rire encore ses camarades en parlant latin, un latin totalement imaginaire.

À son arrivée, le comte de Nissac fut aussitôt hélé par le baron de Frontignac qui lui tendit une lettre cachetée de cire rouge :

— Pour vous, monsieur le comte. Un jésuite, un vrai, celui-là, l’a apportée voici moins d’une heure.

Frontignac réfléchit un instant.

— Comme je lui demandais d’où il tenait l’adresse, il me répondit simplement « Cause Suprême », ajoutant que vous comprendriez sur l’instant.

— « Cause Suprême », vous êtes certain ?

— Absolument.

— Merci, Frontignac.

Soucieux, Nissac traversa la grande salle du bas où Le Clair de Lafitte, Fervac et Florenty, l’ancien faux-saunier, étaient penchés sur une carte de la capitale, d’assez grande dimension, surmontée de l’inscription « Lutetia Parisiorum urbs, toto orbe celebrerrima Notissimaque, caput regni Franciae ».

Nissac gagna une pièce où s’entendait un bruit régulier. Il entra, refermant la porte derrière lui.

Nicolas Louvet, l’ancien faussaire, travaillait une petite clé à l’aide d’une lime en queue de rat.

— Où en est le travail ?

— C’est presque fini, monsieur le comte. Une petite heure encore et nous serons prêts.

— Es-tu sûr de toi ?

— Certain. Le travail ne présente point de difficultés. J’en ai éprouvé davantage pour entrer dans la place, exécuter discrètement mes moulages de serrures et rencontrer celui que vous savez.

— Il se méfie ?

— De tout le monde. Mais vous aviez raison, monsieur le comte, son intérêt pour les monnaies anciennes est plus fort que sa prudence. Sa collection est magnifique, de très grande valeur et nos pièces l’ont séduit.

— Quand il s’apercevra que ce sont des fausses…

— Il ne le saura pas, monsieur le comte. Mon travail est à l’identique, je sais fabriquer une fausse usure. J’ai trompé bien des collectionneurs avant lui mais c’est la première fois que j’abuserai un banquier.

— C’est bien, continue !

Nissac ressortit, monta à l’étage et s’enferma dans sa chambre.

Puis, assez nerveusement, il brisa le cachet de cire et lut la lettre qu’on avait rédigée en grec ancien, afin d’égarer d’éventuels regards indiscrets.

Le texte, que Nissac traduisit aussitôt, était d’une belle écriture.

Paris, le 14 de janvier 1649

Ami,

Je sais à peu près tout de vos activités. Elles me passionnent et j’en devine l’intérêt supérieur, dans le droit fil de ce qui constitue depuis votre très jeune âge l’essentiel de notre correspondance, et bien loin de ce qui agite présentement tous ces puissants seigneurs.

Il fallait bien qu’un jour ou l’autre, avant que l’âge ne m’emporte, nous nous rencontrions.

Cette heure est venue.

Ne vous attardez pas, lorsque vous me verrez, à mon pauvre visage car je fus défiguré voilà bien longtemps en des circonstances que je vous conterai mais sachez déjà que, sans l’intervention de feu monsieur votre père, je serais mort il y aura bientôt trente ans. Ma seule marque de reconnaissance à son endroit aura été à travers vous, en ce rêve immense que je vous ai fait partager.

En écrivant ces lignes, une idée me vient qui consiste à réparer grande injustice. Vous dites ne point avoir grande affection pour votre tante, notez qu’elle vous fit enseigner le grec ancien qui nous sert à correspondre. Vous dites encore qu’elle fut bien sévère, ce fut, n’en doutez point, à la mesure de l’amour qu’elle vous portait.

Au reste, la faute m’en revient.

Il est temps de vous révéler ce qui sera pour vous grande surprise. Feu votre tante, qui vous éleva, eh bien sachez que la pauvre chère femme était entièrement acquise à nos idées et partageait notre rêve. Sachez également chose que vous avez toujours ignorée, vous trouvant aux armées de monsieur de Condé : elle n’est point morte seule en son château de Carentan et je lui tins la main jusqu’à la fin.

Puisque nous parlons aujourd’hui d’égal à égal, de puissance à puissance, de général d’artillerie à général des Jésuites, j’ai une grâce à vous demander qui consiste à amener cette jeune femme, Mathilde de Santheuil.

Vous le constatez, les services secrets des Jésuites seront toujours supérieurs à ceux du roi ou de son pathétique Premier ministre, ce Mazarin, qui m’évoque un personnage inventé par les Napolitains et qui a nom « Pulcinella » mais ici, me semble-t-il, on l’appelle « Polichinelle ».

Ce soir, minuit, Notre-Dame. On vous attendra. Venez en barque, les eaux montent.

Votre ami de toujours.

Pensivement, le comte de Nissac s’approcha de la cheminée et y jeta la lettre en songeant que la nuit serait bien longue.

Les flammes tordirent le parchemin qui bientôt tomba en cendres.

Joseph, quittant les « Armes de Saint-Merry », se précipita au-devant du comte qui lui tendit la bride de son grand cheval noir en disant :

— Cher Joseph, toujours un regard sur la rue. Mais qui surveilles-tu ainsi ?

— Moi, monseigneur ?

— Ne serais-tu point amoureux de la toute belle madame de Santheuil ?

Une brève déception traversa le regard de Joseph et Nissac sut qu’il s’était trompé.

— Je ne voulais point te blesser. Mais après tout, tu es veuf et sans enfants.

— Mes cinq enfants sont morts, monsieur le comte.

— Je suis désolé, c’est grand malheur.

— Cela remonte à bien loin. Mais voyez-vous, hors ceux qui l’aiment d’amour, madame de Santheuil est aimée pour sa gentillesse et sa grande intelligence. Or, elle semble inquiète depuis quelque temps et c’est la raison de ma vigilance.

À demi convaincu, le comte répondit :

— Alors ne relâche point ton attention.

Elle l’observait avec ce qui lui sembla une certaine indifférence quand ce n’était que rigoureux contrôle de soi pour ne point laisser deviner ses sentiments.

Il regarda autour de lui avec un léger sourire :

— Vous m’avez fait passer ici, madame, une bien agréable soirée. C’est grand dommage que la fièvre m’ait ôté le souvenir de ce qui fut dit entre nous.

— En effet. Vous fûtes bavard, monsieur le comte, état qui, j’en jurerais, vous est inhabituel.

— Bavard… à ce point ? demanda Nissac, soudain inquiet.

— Ce fut très intéressant. Mais… vous souhaitiez me voir ?

Le comte était fasciné par ce visage et, concernant la nuit qu’il avait passée ici, ce qu’il prenait pour un rêve lui restait présent à l’esprit. Pourtant, il sentit que madame de Santheuil souhaitait qu’il en vînt au fait mais le manque de chaleur de cet accueil ne lui facilitait point les choses.

Il commença néanmoins :

— Madame, le service du cardinal revêt parfois des formes qui peuvent sembler déconcertantes.

Il marqua un court silence qu’elle rompit aussitôt :

— Vous n’avez encore rien dit, monsieur le comte, ou bien c’est trop court, trop vague ou trop sibyllin.

Cette fois, il fut désemparé et Mathilde de Santheuil dut faire grand effort pour ne point se jeter dans ses bras.

Il reprit, plus sèchement :

— En effet. Je voulais vous dire que certaines de nos actions paraissent parfois liées très lointainement à notre cause, quand elles les servent pourtant. D’autres fois, le rapport existe à peine. C’est le cas de ce que je m’en vais vous proposer.

— Vous êtes en train de me dire, monsieur le comte, que vous avez besoin de moi pour quelque chose qui se trouve sans rapport avec le service du cardinal ?

— Très précisément, madame.

— Et quelle est donc cette chose ?

— Mon plus cher ami, le plus ancien aussi, souhaite vous voir en même temps que moi.

Le cœur de madame de Santheuil battit plus vite. Grâce à cet ami, le comte et elle se reverraient. Elle fit taire son émotion :

— Votre ami connaît donc mon existence ?

— Il sait tout, sur tout le monde.

— Qui est-il, monsieur le comte ?

— Je ne puis vous le révéler sans son consentement.

Un peu déconcertée, Mathilde de Santheuil alla tisonner les bûches puis, revenant vers Nissac :

— Voilà qui est bien mystérieux.

— J’en conviens.

— Et où veut-il nous voir ?

— À Notre-Dame, à minuit.

— Mais la rivière de Seine a envahi Notre-Dame, l’ignoriez-vous ?

— Une barque nous attendra.

Elle prit brusquement sa décision :

— C’est entendu, monsieur le comte.

— Je peux vous venir chercher en carrosse mais à la minuit, la chose n’est point discrète. Il serait plus avisé, si vous n’y voyez point offense, que je vienne vous chercher avec mon cheval et que vous montiez en croupe. Mon cheval est solide et sûr, nous gagnerons ainsi les quartiers envahis par la montée des eaux.

Mathilde aurait dit oui de toutes les façons, même si le comte lui avait proposé une visite des enfers. Mais la perspective de se trouver sur le même cheval que l’homme qu’elle aimait la ravissait.

À ceci près qu’elle ignorait tout du cheval. Aussi questionna-t-elle :

— Qu’entendez-vous par « monter en croupe » ?

— Derrière moi.

— Mais comment tiendrai-je à l’arrière de votre cheval ?

Assez perplexe, le comte de Nissac réfléchit. Il lui sembla que le regard de la jeune femme pétillait et qu’elle prenait grand amusement à le pousser en ses retranchements. Il songea, amusé : « Aussi cruelle que belle, c’est là une femme ! » Néanmoins, il s’efforça de répondre :

— Derrière. Vous me tenez à la taille ou aux épaules. Le corps du cheval se trouve entre vos jambes… Mais c’est bien large lorsque l’habitude n’est point là.

— Il n’en est pas question. Vous ne connaissez point autre moyen ?

Le comte, qui sentait des picotements lui venir, faillit se prendre la tête à deux mains et s’enfuir. En cet instant, il eût préféré affronter seul un « tercio » de l’armée espagnole.

Il s’efforça au calme pour répondre :

— Vous vous asseyez devant moi, au bas de l’encolure du cheval. Vos jambes sont du même côté et vous ne faites point face à la route. Pour ma part, tenant les brides, je vous tiens en quelque sorte dans mes bras et puis vous jurer que vous ne chuterez point.

Mathilde de Santheuil trouvait cette solution plus avantageuse. Elle serait de profil, il n’aurait qu’elle à voir.

— J’accepte.

Il sembla soulagé :

— C’est parfait. Une dernière chose : je crains que l’ami qui veut vous rencontrer ne soit… Enfin, je crois qu’il est défiguré. Ne prenez point peur.

— Attendez, monsieur le comte. Vous CROYEZ que votre « plus cher ami » est défiguré ?… Vous n’en êtes donc point certain ?

— Je ne l’ai jamais vu.

— Vous plaisantez ? demanda-t-elle sèchement mais, au visage du comte, elle comprit qu’il se trouvait en grande sincérité.

Embarrassé, il expliqua :

— Il est bien plus âgé que moi ! Nous entretenons correspondance abondante depuis que je suis en âge de tenir une plume et d’avoir quelques pensées.

Énervé, il fit les cent pas.

Sa haute silhouette passait et repassait devant la cheminée, projetant son ombre agrandie sur les murs de la maison et, une fois encore, Mathilde songea : « Reste ! Je t’en supplie, reste toujours ! Celles qui sont titrées, toutes tes duchesses et tes marquises, aucune ne saura t’aimer comme je t’aime. Je ferai tout, pour toi, le comprendras-tu jamais ? »

Il cessa d’aller et venir, lui faisant face :

— Je sais, c’est très curieux. Je suis un homme sérieux et calme, un soldat qui réfléchit sur l’artillerie et sait calculer le meilleur parti pour mes canons. Et cependant, chaque fois que je vous rencontre, j’ai l’air d’un fou furieux, un agité, un folâtre, un évaporé qui s’invente d’incroyables histoires. Eh bien non, je ne suis point ainsi, madame de Santheuil.

— Dommage, la folie donne du charme.

— Vous dites ?

— La société s’ennuie des gens trop sérieux quant aux femmes…

Elle s’interrompit puis, plus gravement :

— Les femmes vous intéressent sans doute, monsieur le comte ?

Il hésita.

À son âge, trente-huit ans, la seule femme qui l’eût jamais passionné se trouvait devant lui avec un charmant sourire de défi.

Il toussota :

— Eh bien… Elles m’intéressent en effet. Raisonnablement.

Elle sembla atterrée :

— « Raisonnablement » ?

Il dansa d’un pied sur l’autre, se trouvant aux mille diables, et répondit enfin :

— Le service aux armées, mon château en les brouillards où j’aimerais me retirer, il n’est rien là qui puisse faire rêver une femme et donc, par voie de conséquence, me faire rêver sur une femme. Heu… Ne suis-je point trop confus ?

— Point du tout. Mais en amie, je vous dirais : point trop de raison. Soyez un peu fou, les femmes en raffolent.

Il haussa les épaules.

— Fou !… Fou !… Voilà comme la chose est dite !… Alors il suffirait de paraître en habit de bouffon, mi-jaune, mi-rouge, d’agiter un grelot comme un nain stupide, de remuer les oreilles et de se tordre le nez, de faire grimaces hideuses en marchant sur la tête, de regarder en son nombril pour vérifier si troupe de sorcières ne s’y cache point, de se laisser pousser fort longues moustaches afin de les lier l’une à l’autre par un double nœud, de manger artichaut par le pied et d’avaler les noyaux de cerises en laissant leur chair délicieuse au côté de l’assiette, en un mot, de n’être point possible à vivre plus de quelques instants pour enfin être aimé de vous ?

Il songea, en un éclair de lucidité, que si ces choses avaient été nécessaires, il les aurait toutes faites. Lui, Loup de Pomonne, seigneur de Nissac, lieutenant-général de l’artillerie de monsieur le prince de Condé, pour plaire à Mathilde, il les eût faites toutes !

Épouvanté, il se dit : « Mais je l’aime vraiment ! »

La réponse de madame de Santheuil lui fit l’effet d’un de ces seaux d’eau qu’il renversait sur son corps chaque matin depuis l’enfance.

— Il en faudrait beaucoup plus, monsieur le comte !

Découragé, il saisit son chapeau à belles plumes, salua sans un mot et sortit, laissant Mathilde désespérée qui murmura :

— Mais pourquoi ai-je dit cela que je ne pense point ?

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